Notre étoile de neige
Il neigeait, il neigeait enfin! Après plusieurs jours de pluie, cet après-midi-là, le jardin retrouvait enfin son manteau blanc.
Le matin en prenant ma douche, je m’étais demandée combien de temps encore j’allais caresser mon ventre rond. Une semaine encore me séparait du terme mais je sentais bien que gentiment notre voyage à deux touchait à sa fin...
Tout avait commencé la veille, le dernier jour de l’année. Une journée ponctuée de contractions, rien de bien anormal à ce stade-là, associée à un besoin irrépressible de vider mon bac de linge sale et d’assembler toutes les paires de chaussettes de la maison; et mon ventre qui semblait être descendu de deux étages. J’avais l’impression que je n’allais pas me rendre encore très loin comme ça...
La découverte de quelques pertes roses m’ont mis en alerte. Toutes ces contractions n’étaient peut-être pas si innocentes que ça... mais n’ayant jamais accouché avant terme, je préférais ne pas m’emballer pour rien non plus. Et puis c’était le soir du réveillon, les garçons avaient prévu leur soirée, un bon repas nous attendait.
Et toujours des contractions... j’en ai touché un mot à mon homme et nous sommes passés à table. C’est à ce moment-là que j’ai senti une première contraction dans les reins. Mon homme a rangé sa bouteille de vin et moi du coup je n’avais plus faim. On a terminé le repas un peu rapidement. Il était 20h. :o) Je pense que personne dans les 30 km à la ronde n’avait passé à table à ce moment-là mais nous étions même prêts à faire sauter les bombes tant attendues par les garçons. Finalement, les choses s’étant calmées, nous avons tout de même attendu la fin de la soirée et même fait sauter le bouchon de champagne. Les enfants se sont couchés et nous avons terminé la soirée en tête à tête dans le calme absolu...
Vers 3h-4h du matin les contractions ont recommencé. Fatiguée, je n’avais nulle envie de me lever mais impossible de dormir profondément je surveillais tout de même qu’elles ne se rapprochent pas aux 5 min. Je me suis levée également toutes les deux heures pour mon petit bonhomme qui vérifiait que je sois encore là...
8h30 tout le monde était debout... Je suis restée encore au chaud sous ma couette espérant gagner quelques minutes de sommeil mais les contractions étaient toujours présentes. Complètement chaotiques passant de 15 à 45 min puis 20 min. J’ai finalement décidé d’aller prendre ma douche. Mais une fois le petit déjeuné passé, le calme est à nouveau revenu!
Après une matinée sur le qui vive et un grand consulting en matière de prénom, mon homme commençant à comprendre l’urgence de la situation ou presque... J’ai avancé les faire-parts, puis traîné un peu sur l’ordinateur et mon homme a entrepris le rangement du bureau. Finalement rien ne semblait venir et ça pouvait durer encore quelques jours comme ça.
J’ai regardé passivement le vidage complet de la bibliothèque suggérant à l’intéressé de ne pas tout mettre dans le chaos complet, n’étant pas d’un grand secours non plus... mais je me suis entendue répondre :”oh c’est pas grave, t’as pas besoin de m’aider mais maintenant que j’ai poncé ton bureau, je range toute la pièce.”
C’est assez distraitement que j’ai constaté vers 17h que mes contractions commençaient à nouveau. Au vu des épisodes précédents, je ne m’en suis pas trop inquiétée. Vers 17h20,ça ne s’était pas arrêté et il me semblait finalement que je n’en avais eu plus qu’une ou deux... Bon tout de même il était préférable que je surveille la montre...
Je décide de mettre les enfants en pyjama et je les installe devant la télé. On va manger tôt finalement, je préfère avoir une soirée tranquille et si on doit partir faire un contrôle, au moins ils seront au lit.
Hum oui c’était bien ça, pas plus de 10 min entre chaque. C’est donc à un homme couvert de poussière ne sachant plus où poser un pied dans le bureau que j’ai annoncé que le travail semblait reprendre. Ce à quoi il m’a répondu :” ah bon “ en poursuivant son rangement.
Un petit passage aux toilettes vers 17h40 et là je constate que mes pertes roses de la veille se transforment plutôt en perte de bouchon muqueux. Oh là il faudra tout de même que je fasse un contrôle à la mat, si les contractions même irrégulières perdurent. C’est un 4ème bébé et mon col était effacé deux semaines auparavant. Mais on dirait que les contractions se rapprochent plutôt.
Je contracte toujours... et cette fois aux 5 min, oui oui bon c’est pas vraiment douloureux mais ça se rapproche. Il faut faire manger les garçons.
Mon homme se décide à sortir de son “chantier” pour aller préparer le repas. Il va simplifier, un émincé avec les restes de viande de la veille à la place de la fondue prévue initialement. Il semble que ça ne soit pas encore ce soir que je vais pouvoir me rattraper.
C’est parfait pendant ce temps je vais appeler mon amie qui doit venir garder les garçons. Je regarde dehors, il neige toujours... et ça tient sur la route! Il y a presque 10 cm de poudre blanche, pas de chasse-neige qui passe...
Je lui fais part de la situation. Elle propose que j’appelle la maternité pour voir ce qu’ils en disent et que je la tienne au courant. Vu le temps qu’il fait, elle préfère monter à pied et comme les garçons sont en pyjamas ils seront mieux à la maison. ET je continue de contracter. La sage-femme de la maternité me dit de venir, qu’ils nous attendent.
Je monte vite à la cuisine “Je crois que l’émincé, ça va pas le faire. Cuis des pâtes, ils mangeront avec Sophie, je préfère qu’on y aille”. “ ah ok, c’est toi qui voit. Bon je vais aller prendre une douche alors.” Je mets l’eau à chauffer.
Il doit être environ 18h10, je rappelle mon amie qui va arriver. Je termine ma valise, je range dans le petit sac pour le bébé son bonnet terminé deux jours avant. Les contractions se poursuivent. Ne pas oublier les appareils photos, Ouf j’ai eu l’idée lumineuse de charger les batteries pendant la nuit.Ne pas oublier la longue liste de prénom :o) Tout est prêt dans l’entrée.
“Euh les garçons (qui rappelons-le sont captivés pas leur héros télévisé... ) vous allez manger des pâtes avec Sophie. Avec papa, on va aller faire un contrôle à la maternité.” Et là j’entends : “ok. Euh quoi??? des pâtes non on va faire la fondue pas des pâtes, t’iras demain faire ton contrôle à la maternité.” “Je crois pas mon chéri, il faut que j’y aille maintenant”
Finalement bon princes, ils ont dit ok et continué de regarder la télé.
18h30, mon amie arrive. Il neige toujours, je contracte toujours, ça semble s’intensifier un peu... Mon homme charge la voiture, j’enfile ma veste et on y va.
Il est 18h37 quand nous partons, il neige à gros flocons, c’est magnifique, tout est blanc, Les arbres ont leur branches chargées, on se croirait au bout du monde. On arrive en ville, on s’arrête prendre de l’essence. ça me fait rire, chaque fois qu’on est parti à la maternité, il a fallu s’arrêter prendre de l’essence,..
ça y est, on y va, c’est la quatrième fois qu’on prend cette route, mais l’ambiance est à chaque fois différente. Quand on la fera en sens inverse, il y aura quelqu’un de plus avec nous... Ce soir il n’y a quasiement personne, les routes sont désertes un premier janvier... on s’en va vers l’inconnu, le coeur en fête.
19h05 on arrive devant la maternité. Le trajet a été ponctué de contractions et quand je sors de la voiture j’ai l’impression que tout appuie sur mon col. Un passage à la réception pour faire mon admission. Autant le faire tout de suite, j’ai pas vraiment envie de rester toute seule ensuite. Deux bonnes contractions pendant ce temps-là.
On arrive à l’étage il est 19h15. En plein changement de service. Là aussi je semble avoir pris un abonnement...
Une première sage-femme nous reçoit. Je lui donne mes papiers. Elle sourit et me dit : “Ah vous avez carrément fait votre admission. Alors vous avez des contractions régulières depuis combien de temps?”
Hum depuis 17h30 environ, je m’empresse de lui conter à nouveau les épisodes de la veille. Mais elle me répond très gentiment : “C’est votre quatrième, je vous fais confiance, vous devez savoir”
On se rend en salle d’accouchement, elle va m’examiner pour voir où en sont les choses en me disant que malheureusement elle termine dans 10 min alors à moins que j’accouche d’ici là, ça sera sa collègue qui va prendre le relais. Euh non tout de même pas, j’ai encore le temps. Je me déshabille, elle va chercher mon dossier qu’elle n’avait pas trouvé car dans mon empressement à la maison, je lui ai donné le nom de mon homme.
Elle nous propose un changement de salle en le consultant car j’avais mentionné que je souhaitais prendre un bain si possible. Direction la pièce d’à côté avec toutes ma affaires. Mais je la connais bien cette salle, c’est ici que j’ai mis au monde mes trois bonshommes. Je suis heureuse de me retrouver là à nouveau, de savoir qu’ils naîtront tous au même endroit.
Je suis revêtue de ma magnifique chemise d’hôpital, je m’installe sur le grand lit. On regarde où en sont les choses. “Mais vous êtes à 3 cm, la poche est bombée et la tête appuie bien sur le col” Je vois apparaître la médecin assistante que j’ai déjà rencontrée qui termine également son service. Elle prend de mes nouvelles et me dit : “ Mais vous êtes toute souriante, vous êtes toujours comme ça quand vous accouchez? “ Je lui réponds qu’on en rediscutera dans une heure ;o)
Arrive “ma” sage-femme, celle qui va m’accompagner ces prochaines heures, Anne-Sylvie. Elle baisse la lumière, on se retrouve dans une atmosphère toute chaleureuse. C’est la première fois que je me retrouve de nuit en salle d’accouchement. Moi qui espérait accoucher le soir, je suis ravie, je ne pouvais espérer mieux.,, même si j’ai déjà l’impression d’avoir un peu perdu la notion du temps. On fait connaissance, on discute. Je lui dis que ça va toujours très vite à la fin. On rediscutera plus tard de comment je veux accoucher. C’est bien pour une fois j’ai le temps, je suis contente. Je vais même avoir droit au bain. Elle me présente sa collègue Guylaine qui viendra s’occuper du bébé à la naissance. On est deux mamans à accoucher.
Elle me pose le cathéter et place le monitoring. Tout va bien, on a un peu de peine à savoir de quel côté le bébé est positionné, on entend son coeur de loin. Elle propose de laisser un moment le monitoring, j’appuie sur le capteur du coeur. Ensuite je pourrai prendre un bain. Elle nous montre l’appareil à CD. C’est idiot on n’a pas pris de disque, les dernières fois ayant été si rapides. Elle nous laisse un moment. Je suis couchée, tranquille. Les contractions ne sont plus très nombreuses et franchement pas très douloureuses. Bon il faut dire que je ne contracte pas très bien couchée. On perd par moment la ligne du coeur de bébé. J’ai beau bouger le capteur, ça s’entend de bien loin. Même la sage-femme, de retour, doit bien chercher.
Mais ce n’est pas trop grave, elle finit par m’enlever le monitoring et me propose d’aller dans le bain. Le travail va sans doute reprendre. Il est 19h50. On regardera aux alentours des 20h30 ce qu’il en est et si rien ne bouge et que je le souhaite on pourrait percer la poche pour accélérer les choses. Ça me va même si je pense que ça ne sera pas nécessaire. J’ai le temps,j’aime l’idée de pouvoir réaliser que bébé sera bientôt parmi nous. Et j’ai l’intime conviction qu’il sera là avant minuit. De plus j’ai déjà fait naître un bébé dans “sa poche” et je sais que je contracte très bien même dans cette situation ;o)
Je retrouve ma baignoire, la dernière fois je n’y avais pas eu droit. C’est agréable Même si dans l’immédiat il ne se passe pas grand chose. Ce n’est pas grave, ça va venir. Et puis un peu de répit avant la tempête c’est bien aussi. Je sais que le tourbillon arrivera bien assez tôt.
Mon homme me passe de la musique sur son iphone. C’est chouette des chansons que je ne connaissais pas. Dehors il fait nuit noir. Je tente d’aborder le sujet des prénoms sans succès... C’est pas grave, je dois dire que j’ai à nouveau une contraction, et puis une autre. Chouette ça reprend. Ah ok toutes les 5 min. Bon celle-ci est légèrement plus intense. Pas encore tout à fait comme dans mes souvenirs mais ça ne saurait tarder je pense. En effet ça ne tarde pas, la 5ème est telle que dans mes souvenirs... IL va falloir commencer à respirer.
La sage femme revient. Je lui dis que je contracte de nouveau et un peu plus fort, C’est bien! Elle propose de refaire un monitoring puis de voir et discuter de la suite. Je vais aux toilettes avant. Ah oui ça contracte toujours hors de l’eau... La sage-femme me pose sa main dans les reins. Ah que ça fait du bien, juste où il faut..,
Elle m’installe sur le lit couchée sur le côté gauche. Je déteste cette position mais elle pense que c’est celle qui permettra le mieux de capter le coeur du bébé. On l’entend c’est bon. Je vais tenir le capteur. Elle nous laisse à nouveau pour rejoindre ma “voisine”.
Cette fois une grosse contraction arrive. C’est sûr même couchée le travail ne s’arrête plus. Quelle horreur cette position, je tente de respirer mais je n’ai qu’une envie, me mettre autrement. Bon on va attendre la suivante, elle sera peut-être moins forte ou moins longue?,,, Mais les vagues semblent être de plus en plus forte et longue. Je m’accroche au drap, mon dieu que je déteste cette position, il faut que j’en change, ça fait 10 fois plus mal que dans le bain. Et chéri qui me dit : “ Bon elles sont toutes petites ces contractions regarde la ligne monte à peine plus haut que le milieu, t’exagère. Assieds-toi si ça va pas couché”
Ah c’est possible, ça doit être ça. Oui bon je vais encore voir la prochaine puisqu’on capte bien le coeur du bébé comme çà. Elle arrive d’ailleurs et encore pire que les deux autres, je peux tout juste respirer. C’est sûr là je m’assieds au bord du lit. Ma vie va changer... ces riquiquis de contractions sur le monitoring ne me feront presque plus mal! Quoi déjà, mais elle est aussi monstrueuse qu’avant, je respire calmement, enfin j’essaie. Chéri met sa main dans mon dos presque comme il faut, C’est déjà mieux que l’horrible position couchée. Exit le commentaire -:”Bon si tu te plains déjà comme ça maintenant, ça va être quoi après? ça monte toujours pas beaucoup” qui te donne des envies de meurtre...- il serait presque parfait.
Ouf la sage-femme revient. Je lui dis que j’ai bougé parce que ça faisait beaucoup trop mal couchée, (vous savez l’horrible position). ET mon homme de lui dire :” oui bon des petites contractions sur le monitoring” et là elle lui dit : “Oh mais il faut pas fier au monitoring, il suffit que le capteur soit plus haut sur le ventre pour qu’on ait qu’un petit bout, c’est surtout le coeur qui nous intéresse” et TOC !!! Là tu vois l’homme un peu dans ses petits souliers... Donc mes grosses contractions SONT des grosses contractions.
Il va falloir m’examiner mais ça devient moins drôle, va falloir se recoucher mais ouf pas sur le côté (là plus jamais moi je te dis!) et entre deux contractions. C’est bon, elle peut y aller. Et là j’entends : “oui c’est bien. On a encore le temps, la poche ne bombe plus et la tête est beaucoup plus haute qu’avant, elle n’appuie plus sur le col. Le col est très souple, mais il reste un collier encore” Hum ça veut dire quoi tout ça? Mes GRosses contractions ont servies à quoi? On en est où??? “oh à 7 cm ne vous inquiétez pas, ça avance bien, tranquillement, je pense que ça serait dommage de percer la poche là”. OUi je suis tout à fait d’accord. Il est 21h20
Tranquillement mais intensément hein,.. bon je vais me lever, je pourrai m’appuyer pendant les contractions. Je les ai faites toutes comme ça lors de mon dernier accouchement et c’était mieux que... vous avez compris! Elle me propose le ballon mais alors là pas question j’ai déjà testé les trois dernières fois et détesté. Oh puisqu’on en parle en voilà une, je m’appuie contre le lit, elle me remet sa main sur les reins et remontre à mon homme comment il peut s’y prendre et lui propose de s’installer lui sur le ballon. Je lui dis que pour Simon la tête est arrivée avant la dilatation complète. J’ai comme un pressentiment... mais elle me rassure en me disant que là, elle n’est pas du tout engagée encore et que la situation ne semble pas se présenter comme ça. Qu’il faudra plutôt se méfier puisque c’est un bébé pas trop gros et qu’il a de la place vu que c’est un 4ème qu’il suive bien la trace de ses frères et ne fasse pas de variante en tournant la tête au dernier moment. Là j’ai failli lui dire :”oh si vous pensez qu’il aura le temps de faire ça, c’est impossible” mais je m’en suis gardée, après tout, les choses peuvent être différente à chaque fois, mais non je ne pense pas. Voilà on semble paré pour un petit moment. Elle nous laisse.
Une, deux... aïe oui oui tout de suite du chaud dans le dos. Bon finalement on pas discuté de l’expulsion. Pourtant je n’ai guère l’impression qu’on va en avoir le temps. Tant pis de toute façon là j’ai d’autres chats à fouetter. pffffffffffff on dirait que ça s’arrête plus cette histoire. La pause est de plus en plus courte. J’ai la tête à l’envers mais je vois arriver l’assistante. Elle me parle... qu’est-ce qu’elle raconte? “ça va?” la question qui tue... “ pas trop là, j’ai connu mieux!” “oui je vois, vous êtes pas trop péridural si j’ai bien compris.” “euh non pas vraiment” faut en plus que je réfléchisse et que je fasse la causette... “ mais vous avez le droit de changer d’avis si jamais” Pas trop le temps de répondre hein... je tente de respirer, juste le temps de penser que de toute façon elle aura même pas le temps d’appeler personne... “elle vous a examiné y a 10 min la sage-femme vous étiez à 7 cm” “Euh oui.. enfin je sais pas trop quand mais oui” “c’est normal on perd la notion du temps dans ces moments-là” C’est certain... Il est visiblement plus de 21h30 mais là, la mini pause semble terminée, d’ailleurs des pauses y en a plus vraiment.
Elle sort en me disant qu’elle va revenir. Je me disais qu’elle n’avait pas besoin d’aller trop loin mais je cherche comment me mettre là. Tout descend, je crois que ça ne va plus durer encore mille ans cette histoire. Ça appuie sur mon col, j’ai trop mal. J’implore chéri d’aller chercher la sage-femme. “Mais elle vient de partir...” “ je m’en fiche j’ai trop mal, ça s’arrête plus.” Il me pose la main dans le dos “Allez c’est le col qui travaille, t’es encore à 7 cm” Je vais t’en donner moi du col qui travaille. Pour travailler sûre qu’il travaille, y a tout qui appuie dessus. Je cherche dans ma mémoire la dernière fois que j’ai senti ça... mais pfffffffffff oui oui c’était bien juste avant de pousser, ça ressemble même plutôt à l’affaire Simon en moins pire tout de même mais quand même... et d’ailleurs pousser c’est la seule chose qui pourrait me soulager donc “ JE TE DIS d’aller chercher la sage-femme !!!!!!!!!!!!!” “Ok........”
Et en effet la seule chose que je peux faire c’est de pousser même si ça ne me soulage pas complètement. Je tente de respirer. Elle arrive, je lui dis que j’ai trop mal, qu’il faut que le bébé sorte. Elle me dit d’essayer de ne pas pousser, c’est un peu vite, de respirer lentement. Oui mais ça appuie tellement que c’est impossible de ne pas pousser, il faut que je me mette autrement. “je veux que ce bébé sorte ! “ “ oui oui il va sortir...” “ Mais je veux qu’il sorte maintenant!” “Du coup on a pas parlé de la suite.” Guylaine arrive en renfort. Je tente de respirer lentement. J’entend Anne-Sylvie lui dire :” Oui elle est à 9 cm mais elle a beaucoup de peine à ne pas pousser” Elle me propose de retourner dans le bain. Je lui répond que si j’y vais, je ne vais jamais en ressortir mais elle me dit que ce n’est pas grave. C’est moi qui voit. Mais je crois que jamais je ne pourrai enjamber la baignoire et je n’ai pas envie de me mouiller. Je lui dis que j’ai accouché assise les dernières fois et que c’était bien.
Pas de problèmes, elle sort un siège violet (oui je sais on se fiche totalement de la couleur pourtant il était violet...) de sous le lit. Oh le rêve je vais pouvoir m’asseoir.. Elle me répète de ne pas trop pousser, je fais ce que je peux. Elle m’enlève ma blouse, je transpire. Chéri me donne un verre d’eau. Je m’assieds enfin, c’est presque bien.Un pied sur le genou de la sage-femme qui me dit :” Vous vous souvenez qu’à un moment, je vous dirai de ne plus pousser pour laisser passer les épaules.” Gné? On me parle? Euh non je ne me souviens pas du tout de ça. Je prends une grande respiration lentement, je n’ai presque pas poussé. C’est bien, mais là ce n’est plus possible, je sens la tête de mon bébé qui arrive. Je pousse, je pousse,je crois que la sage-femme tire sur le col pour qu’il s’ouvre plus rapidement. Tout à coup, je sens que tout devient petit... C’est la poche des eaux qui a éclaté, mince ce n’était pas la tête! Mais elle arrive instantanément. Ce que me confirme mes assistantes.Oh c’est même presque petit à côté de la poche bombée mais il faut pousser à nouveau, les contractions s’enchaînent sans pauses. ça y est la tête est presque dehors. J’ai un quart de seconde de répit pour respirer mais je dois à nouveau pousser, cette fois ça y est la tête est dehors, je reprends mon souffle.
“Voilà, juste encore un petit coup pour les épaules...” et je pousse à nouveau, tout à coup je sens glisser tout ce petit corps hors de moi, c’est terminé, le calme arrive. On me pose mon bébé sur mon ventre. Il est si mignon, je ne vois que ses cheveux pour le moment, mais je peux sentir son odeur, cette odeur si particulière qui demain ne sera déjà plus là, l’odeur de la vie. Je regarde mon bébé, mon quatrième enfant, ces instants, je les ai déjà vécu et pourtant... c’est la première fois... Je reprends enfin mon souffle. Il est 21h51
“Il faut pousser à nouveau, le placenta va sortir” Ah celui-là, je l’oublie à chaque fois. Un semblant de poussée, croyez-moi là j’ai eu ma dose et c’est fait.
Il est là, tout tranquille, sans un cri, les yeux grands ouverts. Il respire rapidement, il a avalé du liquide sans doute. Guylaine doit lui aspirer le nez pour l’aider. On va nous installer sur le grand lit, pour qu’il puisse téter.
Anne-Sylvie me le prend pour que je me lève. “ah voilà vous pouvez regarder le sexe maintenant.” OUi justement, je ne vois pas très bien. C’est bien boursouflé mais au milieu, je ne vois pas grand chose. Je n’ai pas un très bon angle de vue... je compte sur mon homme pour les commentaires mais j’entends juste : “euh.......... c’est une fille???” “Ben oui c’est une fille!” c’est certain là elles ont vraiment dû nous prendre pour deux nigauds! Et mon homme de répondre
“Ah mais vous comprenez après trois garçons...” “Oh c’est pas possible, mais je n’avais pas regardé dans le dossier, je vous l’aurez dit avant.” Tout le monde rigole bien.
Je suis encore un peu incrédule, mais quand Guylaine repose mon bébé sur moi, je constate en effet, qu’il s’agit bien d’une FILLE !!! Aussi mignonne que ses grands frères. Je la mets au sein, elle tète goulûment.
“Alors comment s’appelle cette petite fille?” “Agathe” “Non c’est pas vrai? Tu entends Anne-Sylvie? Elle s’appelle Agathe...” Et là je vois ma sage-femme toute émue venir vers nous. “Ma fille aussi s’appelle Agathe et je n’en ai pas mis au monde très souvent...”
Sa respiration n’est pas encore très bonne. On l’emmène quelques minutes avec la pédiatre pendant que l’assistante me fait quelques points. On veut éviter la couveuse alors ça sera plus de deux heures en peau à peau au chaud contre moi. Quel bonheur... Elle tète, elle observe avec ses grands yeux bleus, elle est toute calme, elle est belle.
Ce soir, tout a changé pour la quatrième fois, instants remplis d’amour, si furtifs et insaisissables, depuis ce soir, j’ai une petite fille ... pour la première fois!